Yann van den Berghe
Photographe
Photographie
Paysage, terroir et spéléologie
Vidéo
Tutoriels photos, timelpases...
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C’était le 04 mars 2017. Maxime m’accompagne au réseau de la Planasse en crue, auquel les spéléologues albigeois, qui gèrent l’entrée, nous donnent aimablement accès. La rivière fait plusieurs kilomètres de long et c’est d’ailleurs la rivière souterraine la plus impressionnante, une des plus belles qui surplombe les Gorges de l’Aveyron, vers Vaour. Mais aujourd’hui, parce que la rivière est très active, nous n’en parcourrons que quelques centaines de mètres pour une séance photo peu ordinaire.
La Planasse
Avec un ami, Maxime, nous décidons un jour de printemps, alors que les pluies diluviennes venaient de provoquer la crue de l’Aveyron, de nous aventurer dans le réseau souterrain de la Planasse. Nous ne savions pas si nous pourrions progresser dans la rivière proprement dite, car nous nous doutions que les flots seraient agités. Nous souhaitions faire des photos de la rivière active, mais jamais je n’aurais imaginé qu’à ce jour ce fût la sortie la plus impressionnante et passionnante jamais réalisée. Lorsque vous arrivez au dernier ressaut vous permettant de rejoindre la galerie de la rivière -lequel fait six ou sept mètres de profondeur- et qu’à travers la lucarne qui surplombe la rivière vous entendez le vacarme des flots en furie dans la galerie basse qui, d’habitude, est terriblement silencieuse, cela donne des frissons. On descend ou on ne descend pas ? La question ne se pose pas longtemps, car les risques sont facilement gérables avec un peu de bon sens : s’assurer d’avoir pied avant de se décrocher de la corde pour ne pas se laisser emporter par le courant d’une part, et faire attention à progresser en sachant que le sol n’est pas plat et qu’il faut le tâter à chaque pas… L’avantage des grandes galeries avec sortie sur puits réside dans le fait que l’on ne risque pas de se retrouver piégé par une brusque montée des eaux. Le niveau était déjà quasiment à son point historiquement connu le plus haut. Nous décidons, habillés de nos néoprènes et combinaisons, d’entrer dans le vif du sujet. Le déballage du matériel photo sera très complexe et non sans risques, rendant très lente la session photographique, mais les résultats sont là.
L’eau a un rôle majeur à jouer dans la formation des grottes. Son écoulement se fait soit par les fissures dans le calcaire, à travers les strates, suite à une période de pluviométrie, soit en masses dans les réseaux souterrains formants ruisseaux ou rivières. Mais ces masses d’eau ne sont bien entendu rendus possibles que par les apports de surface (pluviométrie). L’eau de pluie étant neutre et déminéralisée, au contact du sol, sous le niveau de l’épikarst, elle dissout peu à peu le calcaire sur son passage, aidée par le dioxyde de carbone dont l’air se charge par les manques de ventilations de certaines cavités. Cet apport de dioxyde de carbone est rendu possible notamment par la décomposition des végétaux en surface (dans la région de l’épikarst) qui sont entraînés par les eaux d’infiltrations. Cette décomposition augmente aussi l’acidité de l’eau qui décuple ainsi ses capacités à dissoudre le calcaire. En le dissolvant, elle se charge en carbonate qui va ensuite se déposer dans les volumes évidés. Ainsi se formeront les concrétions. Les fistuleuses (figure macro ci-contre) sont parmi les premières concrétions à se former suite aux écoulements de surface qui rejaillissent au niveau des voûtes des cavités. Un écoulement au goutte à goutte permet à ce carbonate de se déposer peu à peu, formant les cristaux de calcite. Ces cristaux, en s’accumulant, donnent naissance à un grand nombre de concrétions.
Le réseau connu de la Planasse s’achève sur un siphon. On appelle celui-ci « siphon terminal » puisque c’est ici que s’arrête la progression des spéléologues non plongeurs dans un réseau karstique actif. Des plongeurs spéléos sont formés pour explorer les siphons. Cette activité, bien que n’étant pas sans risques -puisque sans possibilité de remonter brusquement à la surface en cas de problème dans des réseaux totalement inondés- permet d’accumuler de précieuses connaissances sur le fonctionnement du karst en général, et des particularités de certains réseaux.
Léon Bloy
La descente de deux puits, dont l’un aménagé en partie à l’affleurement de la surface, afin d’empêcher la chute de pierres mais aussi d’animaux est assez simple. Les puits ne sont pas profonds, une dizaine de mètres tout au plus. Un passage d’échelle, un dernier ressaut après le second puits, puis la longue galerie, de plusieurs kilomètres, très facilement praticable hors périodes de crues, conduit à une immense salle, surnommée « petite Verna », en référence à celle de la Pierre Saint Martin qui pourrait accueillir le volume d’une dizaine de cathédrales de la dimension de Notre Dame de Paris.